Le
déconditionnement physique causé par la
crainte et l’évitement du mouvement est un phénomène de mieux en mieux
documenté dans le milieu de la réadaptation en contexte de douleur
chronique. Généralement, une intervention bien dosée d’éducation, de
réactivation et de désensibilisation progressive donne des résultats
significatifs : la personne reprend avec une certaine confiance un
niveau d’activités physiques permettant de sortir du cercle vicieux de
la maladie.
Mais qu’en est-il de la reprise du travail ?
L’objectif du retour au travail demeure, dans certains cas, bien plus
complexe en termes de défi thérapeutique. Pourquoi avons-nous
l’impression que certains travailleurs dont la condition physique a
bénéficié de progrès nettement suffisants ne se sentiront jamais prêts,
confiants ou favorables à la reprise progressive de leur emploi
pré-lésionel ?
Face à l’ergophobie, que l’on peut définir comme l’appréhension ou la
crainte du travail, l’intervenant est donc souvent amené à devoir sortir
des sentiers battus pour explorer bien au-delà de la barrière physique
de l’individu. L’intervenant doit alors trouver une façon d’identifier
et de comprendre les perceptions du travailleur, ses raisonnements et,
surtout, il doit être en mesure d’établir le lien causal avec les
comportements conscients et, parfois même, inconscients de celui-ci.
Le présent article n’ayant pas la prétention d’énumérer tous les
facteurs sous-jacents à l’ergophobie, en voici toutefois quelques
exemples fréquemment observés :
-
Perception que le travail est
malsain pour la santé.
-
Perception d’un manque de
reconnaissance du milieu de travail face à la lésion et à ses
conséquences.
-
Perception d’un manque de
reconnaissance de la part de l’employeur (souvent exacerbée par le
processus médico-légal de contestation).
-
Perte de confiance en ses
capacités.
-
Attentes d’efficacité
personnelle trop élevées ou irréalistes.
-
Sentiment de gêne ou de honte
face aux collègues de travail.
-
Crainte d’être un poids pour
les collègues.
-
Sentiment d’avoir été oublié
ou remplacé.
-
Compétition entre les
employés.
-
Conflits / insatisfactions au
travail.
-
Craintes de perdre le nouvel
équilibre ou la qualité de vie récemment acquis.
-
Besoin de réparation des
pertes subies non comblé (conflit psychique).
Dans les cas où l’accident de
travail fut traumatisant, l’aspect phobique prend parfois des
proportions pathologiques (syndrome de stress post-traumatique),
nécessitant alors une intervention psychothérapeutique de
désensibilisation systématique. Parfois, l’accident de travail devient
le catalyseur d’un moment de remise en question existentielle sur le
plan des aspirations professionnelles. Le travailleur désirant être
réorienté sans justification liée aux conséquences directes de
l’événement accidentel devra alors être confronté à sa responsabilité
d’assumer ses choix de vie.
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