Capsule recherche 01

Yvan Campbell

Janvier 2009
 

Mise à jour sur la fibromyalgie: l'entraînement des filières énergétiques et l'éducation toujours au centre de la prise en charge.

 

Lors du congrès de l'American College of Rheumatology de 2008, des milliers d'intervenants ont fait le point sur cette affection qui frappe des millions de personnes partout dans le monde.

Même si la fibromyalgie est maintenant reconnue comme une affection légitime, elle continue de soulever le scepticisme chez beaucoup de professionnels de la santé, certains la considérant comme un trouble psychiatrique. Lors du congrès le Dr Goldenberg, chef du service de rhumatologie et professeur de médecine à la Tufts University School of Medicine de Boston, a affirmé dans sa conférence qu'il existe bel et bien une base physiologique qui sous-tend le syndrome fibromyalgique. De plus, il affirme que contrairement à l'opinion de certains médecins qui prétendent que le fait de confirmer le diagnostic aux patients ne leur rend pas service, poser le diagnostic de fibromyalgie soulage à la fois le patient et le réseau de santé.

Les causes

Selon la Dre Lesley Arnold, la fibromyalgie est une maladie à étiologie multifactorielle caractérisée par des douleurs généralisées (depuis au moins trois mois), une sensibilité au toucher, une fatigue chronique, des troubles cognitifs, des perturbations du sommeil, une raideur, des symptômes de dépression et d'anxiété de même qu'une altération du fonctionnement social et professionnel.

Selon l'opinion de la plupart des experts, la fibromyalgie est causé par un dysfonctionnement du système nerveux. Le Dr Serge Marchand, neurophysiologiste québécois, affirme depuis quelques années qu'un des systèmes modulateurs endogènes de la douleur, le système inhibiteur descendant, est en partie responsable du syndrome de la fibromyalgie. En effet, ce système inhibe la réponse douloureuse par des neurones qui descendent du tronc cérébral vers la corne postérieure de la moelle épinière et inhibent les neurones transporteurs du signal douloureux (les nocicepteurs) en provenance de la périphérie (figure 1).     

 

 

Figure 1 : le système inhibiteur descendant.

 

Selon un autre spécialiste participant au congrès, le Dr Daniel Clauw, des traumatismes physiques ou psychologiques, des évènements catastrophiques, des infections ou des maladies causant une douleur généralisée (mononucléose, polyathrite rhumatoïde) pourraient être des déclencheurs du syndrome.

 

Le travail

Une des grandes questions à la mode dans les congrès où l'on traite de la fibromyalgie est de savoir est-ce que oui ou non on devrait arrêter de travailler lorsqu'on est atteint de fibromyalgie. Le Dr Lesley Arnold, du Cincinnati Medicine College, a affirmé dans son allocution que le fait de cesser de travailler isole le patient, le rend plus sédentaire et amplifie sa perception de la douleur et sa détresse psychologique. D'autres interlocuteurs argumenteront par ailleurs que cette philosophie est difficile à appliquer en situation réelle : certains fibromyalgiques sont tellement épuisés que le travail à temps plein devient tout simplement impossible. Enfin, certains praticiens affirment que l'important est de rester en lien avec le travail ou l'occupation : un aménagement de l'horaire en terme de fréquence et de durée et un aménagement de la tâche de travail en terme d'intensité est réalisable dans la plupart des cas et cette alternative représente la meilleure option pour la santé de l'individu qui est atteint.

L'exercice

L'exercice combiné à l'éducation du patient entraîne une réduction significative des scores mesurés par le questionnaire FIQ (Fibromyalgia Impact Questionnaire). Cinda Hugos, une physiothérapeute de l'Oregon health & Science University a quand à elle réitéré l'importance de l'exercice. Elle a relaté les travaux d'un comité d'experts, le Ottawa Panel, qui a publié un guide de pratique clinique et qui met en lumière l'importance de l'exercice de type aérobie et la musculation. Par contre, le comité ne recommande pas la pratique systématique d'exercices d'étirement alléguant que les patients ont tendance à exacerber leurs symptômes plutôt que de les diminuer.

Madame Hugos a mentionné que la fibromyalgie diminue l'équilibre et rend les patients plus vulnérables aux chutes. La surcharge proprioceptive (exercices sur surfaces instables) pourrait donc être intéressante pour les fibromyagiques.

 

Le traitement idéal

Une thérapie médicamenteuse basée sur les inhibiteurs doubles du recaptage (sérotonine et noradrénaline) et/ou la Gabapentine ou la prégabaline associée à l'éducation du patient et à un programme d'exercices supervisé par un kinésiologue semble être l'appoche qui produit le plus de résultats positfs selon la littérature scientifique mise à jour lors de ce congrès. Mentionnons aussi l'importance de tenter de maintenir le patient au travail ou de tenter un retour progressif si celui-ci est en congé de maladie.

 

Tableau 1 : modalités de prise en charge de la fibromyalgie selon les données probantes.

 


Source : l'Actualité médicale du 12 janvier 2008. cliquez ici pour le texte complet.

 

Correspondance:

Yvan Campbell

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